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Ofpra et CNDA : des institutions aux dépens des demandeurs d’asile ?
par La Ligue des droits de l’Homme
Publie le mardi 22 mai 2012 par La Ligue des droits de l’Homme - Open-PublishingDepuis lundi 14 mai 2012, les avocats qui assurent la défense de ces demandeurs auprès de la Cour nationale du droit d’asile (CNDA) sont en grève. La LDH leur apporte son soutien et exprime le souhait que s’ouvre une discussion au plus haut niveau avec les ministères concernés. Leur mouvement porte à la fois sur les conditions d’exercice de leur métier, notamment l’aide juridictionnelle mais aussi sur les puissants obstacles opposés aux demandeurs dans leur parcours. Ces manœuvres sont anciennes et les tensions qu’elles suscitent ont provoqué, il y a quelques mois déjà une grève du même type, puis l’instauration d’une permanence du Conseil de l’ordre pour tenter de régler les conflits quotidiens entre les avocats et les présidents des audiences, tels les refus de renvois, les mauvaises organisations des audiences, le recours à l’aide juridictionnelle... Mais après une rencontre qui n’a pas aboutit en avril, les avocats ont jugé que la gravité de la situation exigeait la reprise de leur mouvement collectif.
La soumission des institutions compétentes au ministère de l’Intérieur chargé de faire appliquer les objectifs chiffrés de la politique de l’immigration réduit gravement les droits de la défense et donc les droits des réfugiés. C’est bien une mise en cause du droit d’asile par la politique du chiffre à l’œuvre depuis cinq ans tant devant l’Ofpra que devant la CNDA, et dont les conséquences sont extrêmement graves pour les droits des personnes. Le réfugié est aujourd’hui réduit à un justiciable de seconde catégorie, suspect d’être un fraudeur venu en France pour détourner le droit d’asile à des fins purement économiques, alors que sa vulnérabilité commande une attention particulière. Cette politique du chiffre s’est traduite par une baisse inconsidérée du taux de reconnaissance tant à l’Office que devant la Cour et concrètement devant cette dernière par une dégradation du traitement des dossiers des réfugiés et des droits de la défense (non respect du contradictoire, traitement en masse des dossiers, accélération de la procédure devant la Cour…).
La LDH, avec les avocats auprès de la CNDA, attend l’ouverture de discussions sur :
· l’aide juridictionnelle, la désignation d’un interprète et d’un avocat dans un délai raisonnable, et une juste rémunération de leur mission ;
· un double degré effectif de juridiction, pour maintenir l’Ofpra dans sa fonction administrative ;
· la suppression des procédures prioritaires et par ordonnance, sans audition des demandeurs, hors les cas de forclusion ;
· la suppression de la liste des pays dits « sûrs » ;
· le rattachement de l’Ofpra et de la CNDA au ministère de la Justice.
– Synthèse des avocats intervenant en matière de droit d’asile.
http://www.ldh-france.org/Ofpra-et-CNDA-des-institutions-aux