Accueil > La persécution des Roms continue à Saint-Denis
Le 30 août 2002 Monsieur Sarkozy, ministre français de l’intérieur, rencontre à Bucarest Adrian Nastasse, Premier ministre roumain, et ils se félicitent des résultats "concrets et rapides".
La réalité n’a pas tardé à apparaître derrière ce langage sibyllin :
3 décembre 2002 expulsion des Roms de Choisy-le Roi (183 interpellations
et 5 reconduites à la frontière)
7 mars 2003 expulsion des Roms d’Achères (une cinquantaine d¹interpellations
et une dizaine de reconduites à la frontière)
27 mars 2003 expulsion des Roms de Saint-Denis à la Briche.
16 avril 2003 expulsion des Roms de Montreuil (52 interpellations et 9
adultes et 7 enfants ont été reconduits à la frontière)
28 avril 2003 expulsion à Saint-Denis du terrain de l¹Industrie (2
interpellations)
A Saint-Denis, les expulsés errent dans la ville et pour certains se sont regroupés à l¹Île-Saint-Denis. Il reste encore un terrain occupé à la Plaine Saint-Denis, va-t-il subir le même sort ?
Le maire de Saint-Denis, Patrick Braouzec, a promis qu¹il parerait à l¹urgence sanitaire en installant eau, toilettes, électricité et ramassage des ordures. Promesses qu¹il avait également tenues pour le terrain de l¹Industrie mais qui sont restées sans suite pendant plus d¹un an. Patrick Braouzec rejette toute la responsabilité sur le gouvernement comme il l¹explique dans une question à Sarkozy posée par écrit le 24 avril dernier :
« l’Etat [doit] prendre l’initiative de réunir la région, les départements, les communes et les associations, concernées pour apporter des réponses urgentes et réelles à la situation ». Nous croyons bien au contraire que les maires ont une marge de manoeuvre non négligeable au niveau local et qu¹il doive prendre leur responsabilité. Cette demande au niveau national ne justifie pas la non-application des mesures sanitaires et encore moins la demande d¹expulsion de Patrick Braouzec publiée dans le journal de Saint-Denis : « Nous l¹attendons depuis deux mois. Depuis le début, la municipalité veut mettre fin à cette situation intolérable pour les
habitants comme pour les Roms ».
Laisser pourrir la situation
La mairie n¹a pas hésité a opposé riverains et comité de soutien. Pourtant, a bien écouté les riverains, une partie d¹entre eux est d¹avantage exaspéré par la mairie et la préfecture qui se renvoient constamment la balle que par
les Roms eux-mêmes. Pour l¹autre partie qui prend des accents poujadiste, que dire d¹un maire, communiste de surcroît, qui lorsqu¹il les rencontre les rassure en annonçant une expulsion. Si le minimum sanitaire avait été
assuré, les tensions entre riverains et Roms auraient été moindres et si on ajoutait à cela un travail pédagogique pour expliquer qui sont les roms, les persécutions qu¹ils subissent dans leur pays et la situation d¹extrême
pauvreté dans laquelle se trouve la Roumanie (pays d¹origine de la plupart des roms de Saint-Denis) alors une rencontre entre les peuples aurait eu une chance au-delà des difficultés matérielles. Non, on a préféré opposer,
instrumentaliser, laisser pourrir la situation pour finalement la présenter comme inévitable.
Si on avait mis autant d¹énergie à expulser qu¹à interdire aux entreprises de venir jeter leurs ordures sur ce même terrain afin d¹éviter de payer pour leur collecte, peut-être arrêterait-on de dire que les roms sont sales alors qu¹ils vivent dans un dépotoir sans eau courante !
Depuis l¹expulsion, la mairie continue dans le déni de ses responsabilités en allant jusqu¹à nier le fait même de l¹expulsion, préférant la version de la préfecture, celle d¹ « un départ volontaire ». La réalité est tout autre.
A trois reprises, la semaine précédente, le sous-préfet en personne est passé dans le bidonville compter les habitants et leur apprendre leur très proche expulsion. Il s¹agit d¹une véritable intimidation. Faut-il encore le
répéter : les roms de ne sont pas des nomades, leur nomadisme est forcé. Ce sont des gens en fuite, persécutés où qu¹ils aillent. Non seulement, ces expulsions ne résolvent rien mais pire, elles aggravent la situation. Ne
sachant où aller, le nombre de terrain squattable diminuant, les roms en fuite ont tendance à se regrouper sur des terrains déjà occupés par leurs compatriotes. Le manque de place sur ces terrains provoque de graves
tensions entre eux. Tensions qui peuvent aller jusqu¹à de véritables batailles (comme dimanche dernier à Stains). Batailles qui viennent alimenter l¹exaspération des riverains et qui vont justifier de nouvelles expulsions.
Manque de courage politique
Saint-Denis représente un cas particulier car l¹hiver prochain la villeaccueillera le Forum Social Européen et se transformera ainsi en phare duprogrès social. On ne peut pas tolérer que les discours ne collent pas à la
pratique. Nous demandons un changement de politique à Saint-Denis ens¹inspirant de l¹expérience de Fontenay où des roms ont été accueillis,relogés, les enfants scolarisés. Saint-Denis doit rester fidèle à son histoire qui a vu dans les années 70 la construction de logements sociaux à l¹endroit même où étaient les bidonvilles. Il faut aujourd¹hui du courage politique pour briser le cercle vicieux dans lequel les roms sont enfermés : exclus parce que roms, roms parce qu¹exclus.
Nous demandons à la mairie de Saint-Denis de :
- s’opposer par tous les moyens à sa disposition aux expulsions.
- pérenniser le terrain de l¹avenue Wilson
- inscrire tous les enfants à l’école
– proposer des solutions de logements à long terme.
Comité de soutien des roms de Saint-Denis.
Soutenu par Dal, CNT, LCR, Ras l¹front, MIB.
Rejoignez le collectif : réunion tous les mercredis à 19h. au bidonville du
Landy.
La plaine Saint-Denis, avenue du président Wilson, Zone de Fret du Landy.
Contact : roms_st_denis@no-log.org