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LA MORT N’A PAS LE MEME PRIX NI LE MEME POIDS SELON OU ON MEURT SUR LA TERRE

Publie le mercredi 15 février 2006 par Open-Publishing
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Ici trônait la forêt tropicale avant l’Agent Orange. Cet enfant erre sur le poison, il est à la recherche de la représentation de son monde disparu après l’Agent Orange. Photo Hatfield Consultants.

de André Bouny

Bagdad en guerre, alerte à l’attentat suicide ! La foule paniquée se bouscule, se piétine, le pont s’effondre dans le Tigre. Mille morts, zappés par l’attentat suivant.

La Nouvelle-Orléans, alerte à l’ouragan ! Mille morts, les pays du monde entier proposent leur aide et accourent. Tant mieux et bravo ! Pleurs, encre et salive font un Mississippi médiatique au long cours. Là aussi les victimes sont gens modestes, voire pauvres, mais il s’agit des pauvres du pays le plus riche du monde qui fait la guerre au précédent.

Le tsunami de Noël 2004 en Asie a fait environ trois cents mille morts, frappant indistinctement populations pauvres de la région -voire misérables- ainsi que des touristes dorés du monde entier. Cette catastrophe soulève donc une immense émotion et mobilisation planétaire. Tant mieux et bravo !

Ce 26 décembre 2004, je me trouvais proche de l’épicentre de ce tsunami et cependant protégé par la bande de terre de la Thaïlande. J’étais vers l’extrémité sud du Viêt Nam parmi des victimes de l’Agent Orange. L’Agent Orange a peut-être fait (et fait encore) dix fois plus de morts que ce tsunami dans la plus grande indifférence planétaire.

Mon voisin de France, bien portant, beau et riche, qui sait pourtant qu’on ne vit et meurt qu’une fois, dit : "Ils ont l’habitude dans ces pays-là !" En fait, les médias-marchands&pèse-morts lui ont donné -et il a pris- pour habitude que la vie, c’est quand la mort est ailleurs ; la paix, c’est quand la guerre est loin ; l’abondance, c’est quand le manque est autre part : le Tiers-monde est fait pour ça ! Ainsi, le Tiers-monde est accepté en tant que tel. Les médias vendent leurs services à ceux qui peuvent les acheter, et donc parlent en priorité des morts de leurs clients, longuement, pas des autres. De ce fait, les médias-marchands&pèse-morts justifient un Tiers-monde éternel, réceptacle de nos angoisses comme il y a une poubelle dans une maison de luxe. Médias-marchands&pèse-morts, faire accepter le Tiers-monde en tant que tel est un Crime contre l’humanité !

P.S. Il en va de même pour la guerre : combien de Vietnamiens morts (au combat) pour un Américain ? Cent.
Et en Irak ?
http://www.monde-solidaire.org/spip...

André Bouny, père d’enfants vietnamiens, préside le Comité International de Soutien aux victimes vietnamiennes de l’Agent Orange et au procès de New York (CIS).

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