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Après la contestation, le bilan et la suite...

Publie le samedi 13 novembre 2010 par Open-Publishing
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Je livre telles quelles les réflexions des copains. Réflexions qui devraient ouvrir la voie à un débat syndical, voire politique, ce qui a trop été absent de l’enjeu des retraites

Quelques considérations sur le mouvement social vu de la petite lorgnette fontenaisienne :

Les plus !
 A Fontenay-le-Comte, sur un appel clair de grève jusqu’au retrait, nous avons réuni dans la rue sur les mois de septembre et d’octobre, des cortèges qui ont compté fréquemment 4000 personnes.
 Sans l’appui de la cfdt, qui n’a pas souhaité s’aligner sur un mot d’ordre clair de retrait de la contre-réforme, nous avons animé une contestation pugnace, vivace, dans un secteur géographique durement touché par la désindustrialisation.
 Avec l’appui du Collectif de Résistance Sociale, qui assure un liant et une base militante supplémentaire, nous avons su, avec la cgt, notamment, travailler efficacement ! Car nous étions déjà habitués à travailler ensemble.
 Nous avons fait le lien avec le mouvement lycéen, et assuré d’ailleurs une sorte de mission de protection devant le lycée Rabelais, alors que de vives tensions naissaient lors du blocage : pression de l’administration notamment…
 Comme au niveau national, la vieille opposition privé-public mise en scène par les libéraux, n’a pas fonctionné, et nous avons vu massivement le privé s’investir dans les cortèges !

Les moins !
 Force est de constater que les autres forces syndicales sont singulièrement peu présentes au plan local : cftc (qui s’est alignée sur nos revendications sans jamais avoir été présente aux intersyndicales), cgc (qui approuve localement la réforme), unsa (représenté par l’unsa territoriale, et plus précisément par Gérard Vivies qui a eu des problèmes avec sa hiérarchie).
Quant à FO, le syndicat, au niveau départemental, a accepté cette fois-ci la présence du CRS dans l’intersyndicale locale : mais ce syndicat, au-delà de l’effet d’aubaine, continuera-t-il à travailler dans l’intersyndicale ?
 Nous l’avions déjà fait remonter au premier semestre 2009 auprès de nos confédérations nationales réunies dans l’intersyndicale : l’issue (provisoire ?) du mouvement social liée à des journées de mobilisation ponctuelles ne pouvait être caractérisée que par un essoufflement progressif de la colère sociale…
 Force est de constater que la logique ou stratégie nationale nous a donc condamnés in fine à un échec alors que jamais la France n’avait eu autant de manifestants dans les rues, alors que les forces vives des salariés étaient capables d’enclencher un mouvement général et reconductible durant le mois de septembre : en tout cas fallait-il que les mots d’ordre nationaux fassent preuve de clarté et de responsabilité. Nous avons attendu comme on attend l’arlésienne l’appel suivant : « nous appelons les salariés à se réunir en assemblée générale et à décider de la généralisation et de la reconductibilité de la grève » ! Nous n’avons jamais été exaucés ! Certains ont appelé à la grève de 24 heures ou grève générale, mais jamais sur le terrain n’ont embrayé avec la grève reconductible que nous avons initiée (syndiqués fsu, sud, cgt). L’incantation « Grève générale » ne suffit donc pas !
Mais il faut quand même que les centrales prennent leurs responsabilités, se retournent vers la base pour que les syndiqués eux-mêmes choisissent les modalités d’action et de lutte…
 On peut donc se poser de légitimes questions : la cfdt voulait-t-elle vraiment s’opposer à la réforme ? Ou ne cherchait-elle qu’à apparaître, à peu de frais, et avec l’aide de la cgt, une centrale pugnace (ce qui lui permettrait d’effacer l’image de 95 et 2003) ? La cgt de Thibaut (et nous ne parlons pas de la base, quand nous disons cela), est-elle encore un syndicat de lutte ? N’a-t-elle pas cherché elle aussi à faire bonne figure tout en laissant filer l’héritage social (comme pourrait le laisser penser l’attitude de la direction et de Thibaut, en 2005, sur le Traité constitutionnel) ? Pour Solidaires, était-il pertinent de vouloir rester aussi longtemps dans le bateau de l’intersyndicale ? Certes, Solidaires a pris ses distances… Mais est-ce suffisant ? Idem, et ce, de manière plus forte pour la FSU, qui nationalement, et au niveau départemental, a été bien peu présente ! Pour FO, nous avons dit plus haut ce que nous en pensions… Certes, on nous répondra que conduire un mouvement social n’est pas chose facile…
 Nous avons négligé au niveau national la pratique, dès que possible, de l’occupation des usines et des lieux de travail.
 Une partie de la population a encore pensé qu’un mouvement social pouvait gagner par procuration : non, les grèves dans les raffineries, dans les transports, parmi les lycéens, ne suffisent pas ! Il faut hélas donner de soi ! Perdre pour gagner !
 Si nous sommes tous persuadés de l’utilité de la syndicalisation, si nous sommes tous des syndicalistes investis et militants, ne pouvons-nous pas nous interroger sur la manière dont nous devons nous inscrire dans le mouvement social et même dans la pyramide syndicale ? Nous avons été nombreux à constater une volonté départementale d’encadrer, voire de cadenasser nos mots d’ordre, nos alliances au niveau local : cfdt qui « vire » le représentant syndical qui participait à notre intersyndicale, reproches implicites faits au représentant UNSA, et irritations multiples devant notre liberté d’action.
 Dernier constat : le mouvement social a refusé de se donner les moyens d’élargir l’expression du mécontentement ! Le problème, on l’a vu assez rapidement, n’était pas uniquement les retraites, mais aussi la précarité, les salaires, les inégalités, l’injustice sociale, le chômage, bref une société, un système politique, un gouvernement, un président ! Le syndicalisme vise historiquement à la transformation du champ social et politique… Or, nous n’avons pas dépassé assez la limite du social, pour aller vers celle de la contestation politique, vers l’expression d’un vouloir, celui d’une transformation de la société ! Tous les grands mouvements sociaux (36, 68) ont été des catalyseurs d’une aspiration au changement : c’est vers cela que nous devons tendre !

Que faire demain ? Comment ?

Sur le moyen et long terme :
 Inventer un syndicalisme qui soit un vrai contre-modèle : une vraie démocratie locale, un syndicalisme militant… Cela, nous le pratiquons entre nous à Fontenay (FSU, Solidaires, CGT).
 Continuer l’esprit des bourses du travail, comme nous le faisons avec le CRS : formation permanente, débats,…
 Créer des circuits courts économiques en coopérative ou association : avec la confédération paysanne, etc… ????

Sur le court terme :
 Le 23 novembre : grève ? Pas grève ? Action ? Quand ? Comment ?
 Comment continuer le mouvement ? Participer aux assemblées générales (cf Nantes, le 27 novembre) pour dépasser l’intersyndicale nationale ?

"les représentants locaux FSU et Solidaires"

Messages

  • Le syndicalisme doit-il s’ouvrir au débat sur l’alternative économique et sociale ? Peut-il se limiter à combattre les effets de la crise sans envisager une perspective ? Ceci ne signifie nullement l’alignement partisan sur telle ou telle force ; cela signifie que le syndicalisme a son mot à dire. Sinon, le politique et le choix de société sont délégués aux forces politiques.. et le syndicalisme lutte contre les pots cassés. Une sorte de partage du travail bien peu efficace !